17. Un jour à marquer d’une pierre blanche

Vendredi 26^ème jour
Ce vendredi sera à marquer d’une pierre blanche. Amoua a appris à aller sur le pot en milieu d’après-midi. Comme je n’avais pas l’intention d’avoir d’autres enfants, je pus arrêter de garder de l’argent sur le livret pour louer une baignoire d’occasion et je fis l’acquisition d’un frigo permanent.
Par ailleurs, Engrang tenait ses promesses en se mettant à jour des devoirs qu’il avait négligés ces derniers temps.

Mon arbre à flouze prospérait et je comptai à présent 3 500 $ à mon actif. Mes préoccupations avaient changé : je rêvais maintenant toute éveillée : qu’Engrang soit un petit génie, qu’il aille à l’université et de pouvoir le placer à l’école privée dont on m’avait dit le plus grand bien.
Enfin… tout ça, c’était du rêve. Dans l’immédiat : si déjà Amoua pouvait bien grandir, ça suffirait à mon bonheur.
Points : 166

Puisqu’à présent le mystère du pot n’avait plus de secret pour elle, j’entrepris d’enseigner la marche à Amoua.
Pour cela, vu que la petite récupérait cent fois plus vite que moi, je louai une invention magnifique –à laquelle je me demande bien pourquoi j’avais pas pensé jusque là - : une machine à expresso. Et je me mis à carburer au café serré.

L’inconvénient avec le café, c’est que si on doit gaspiller toute son énergie pour ramasser les tasses… heureusement, Engrang avait eu l’idée de persuader un camarade de classe, -un nommé Damien Ladèche-, de nettoyer à notre place et nous pouvions vaquer à nos petites occupations sans trop nous faire de tracas.
- Y en a encore beaucoup des tasses à ramasser, ma’ame Leflouz ?
- Quatre ou cinq derrière le mur. T’en fais pas Damien, t’en verras bientôt le bout.

Mais la persuasion ne dure qu’un temps. Et – allez savoir pourquoi – Damien était pressé de rentrer chez lui.
- Bon, heu… j’ai tout ramassé, mais je vais y aller maintenant. T’as vu l’heure ?
- T’as encore le temps, il est que 16 heures !
- Oui-mais, je crois que je vais y aller quand même !

Toujours est-il qu’avant la tombée de la nuit, Amoua avait appris à marcher.

Les enfants, vous savez ce que c’est : quand on les entend pas, c’est qu’ils font des bêtises.
Amoua avait fini sa sieste et question bêtise, elle se posait là.
- C’est bientôt fini la chasse aux crottes de nez ? Viens par là, mignonne ! On a quelque chose de bien plus intéressant à te proposer.

Lorsqu’elle sut prononcer « chaise haute » sans accrocher, le tour était joué : J’avais complété l’éducation d’Amoua.
Points : 176

Samedi 27ème jour
Le samedi, pour commencer la journée en beauté, nous décidâmes qu’il était temps pour elle de fêter son anniversaire.Ayant grandi en platine, elle rapporta 5 points supplémentaires pour le challenge.
Points : 181

Une semaine sans voir Adrien, je n’y tenais plus. Je lui proposai de venir fêter l’anniversaire d’Amoua en famille sur le terrain communautaire, non sans lui faire remarquer :
- Tu t’es fait rare ces derniers temps.
- J’ai eu un empêchement pour le travail et puis ensuite, impossible de te joindre. J’ai cru que tu voulais plus me voir.
Il est vrai que nous avions décroché le téléphone depuis que les services sociaux ne cessaient de nous inonder de coups de fils intempestifs.

Que dire de cette journée ? Sinon qu’il était si bon de se retrouver tous réunis « comme une vraie famille » aurait dit Engrang. Engrang qui prit l’initiative de cuisiner les hot dogs afin de me laisser profiter de mon chéri.
- Laisse m’man, reste avec papa. Vous-vous voyez pas si souvent.
Je l’aime, mon fils !

Après une semaine de chasteté, Adrien et moi aurions bien aimé profiter de toutes les possibilités du bain à remous, mais Amoua ne nous lâchait pas.
- Amoua chérie, tu voudrais pas aller jouer un peu sur les balançoires ?
- Nan, je préfèrerais aller dans le bain avec vous.
- Mais-nan chérie, il fait trop froid pour aller dans le bain. C’est l’hiver, tu te rends pas compte. Bientôt il y aura assez de neige pour faire du ski.

Sauf que la petite est têtue, elle tient de famille.
- Mais-heuh ! Vous y allez bien, vous !
- Oui-mais nous on est grands, c’est pas pareil.
- Pourquoi c’est pas pareil ?
- Laisse Hélaime, je m’en occupe : Amoua, tu veux pas me faire plaisir ? Débarrasse les tables comme une grande fille !
- Oui papa !

- Mon papa, il a dit que j’étais une grande fille, parce que je sais débarrasser la table et même que je casse même pas les assiettes !

Les enfants s’en sont donné à cœur joie. Surtout Amoua, curieuse de tout,
- Dis, m’sieur, m’sieur ! C’est quoi comme musique que tu joues ?
- C’est un smustle et ça se danse. Tu te tortilles comme tu veux.
- Woah super, je sais danser le smustle !

Engrang lui, préférait taquiner le poisson. Mais il n’eut guère de réussite.

Adrien et moi, mettions à profit le moindre tête à tête pour fêter nos retrouvailles.
Ce qui ne plaisait pas à tout le monde.
- Dites-donc, vous gênez pas ! Y a pas d’autre endroit pour faire ça ?

Quand Adrien nous a quittés, Engrang a accepté de me prêter sa canne à pêche et j’ai eu plus de chance que lui. On allait pouvoir garnir le frigo.
Mais toute bonne chose à une fin et il fallait penser à rentrer. On a cherché Amoua partout.

- Engrang, tu sais pas où est passée ta sœur ?
- Nan m’man, la dernière fois que je l’ai vue elle racontait sa vie au fleuriste.

On a fini par la retrouver à l’épicerie où elle essayait – je cite- « de faire copine avec la caissière ».

Nous avons vraiment passé une excellente journée et je pressai les enfants de rentrer car je voulais agrandir la maison avant d’aller me coucher. Amoua s’est un peu fait tirer l’oreille.
- Mais-heuh ! Pourquoi on rentre déjà ? Je m’amusai bien ici, moi !
Heureusement qu’Engrang est plus sage et prend très au sérieux son rôle d’aîné.
- On rentre parce que maman l’a demandé ! Tu fais ce qu’elle dit et tu discutes pas !

Cette nuit là, nous pûmes enfin dormir tous les trois sous le même toit.

Comments

[Lorraine54]

Tu ne prends pas le risque d'une nouvelle grossesse hein, Fonsine ? agréable cette suite familiale !

[AnneB]

A chaque jour un nouvel épisode de Hélaime !
Voici une citation qui me plait bien ! :)