6. Quelle plaie, ces bestiaux !

Ce fringuant toutou qui rentre du boulot le poil luisant vient d’atteindre le sommet de sa carrière :
animal de sauvetage.

Et ce type épuisé qui rassemble ses dernières forces pour apprendre à faire des discours, espère bien qu’un jour prochain, il pourra lui aussi descendre de sa voiture de fonction en bombant le torse et en relevant la tête.
Il n’a pas arrêté de bosser toute la journée et Elléou n’a rien remarqué. Il jurerait même qu’elle lui fait la tête. Il se demande bien pourquoi, par exemple.

Lundi
Don n’est pas mécontent d’aller travailler. C’est moins fatiguant que les jours de repos à la maison. Quant-à Elléou, elle récolte enfin le fruit des efforts d’une semaine de soins incessants à ses malheureux pieds de tomates pour un résultat somme toute assez décevant : Savoureuses, sans plus.
Points : 2675

Don n’en peut plus. Deux jours qu’Elléou ne lui a pas adressé la parole.
Mais qu’est ce qu’il a bien pu faire pour qu’elle le traite comme ça ?

Cherche pas mon pauvre Don : comme elle ne pouvait pas ragoter sur le dos de Tiphaine avec toi, elle a inversé la vapeur : elle ragote sur ton dos avec Tiphaine.
- Vous savez pas ce qu’il m’a encore inventé mon feignant ? blablabla et blablabla…
A ce rythme là, elles sont devenues les meilleures amies du monde.

Ce jour-là ce fut au tour de Garla de décrocher une promotion
Elle joue les doublures à présent.

Don a décidé de prendre le taureau par les cornes : Il va avoir une explication avec Elléou.
Il commence par lâcher une perle bruyamment discrètement. Voyez que ça lui prenne en pleine explication ?
Nan-nan, vaut mieux prendre ses précautions AVANT.

Il tombe mal, Elléou est en plein travail.
- Bon sang de bonsoir ! V’là ce que c’est d’pas tirer sa chasse. Il a réussi à me boucher les canalisations ce cochon ! ‘Core heureux qu’il m’ait pas arrosé la salle de bain.

Il choisissait mal son moment pour faire la paix.
- Elléou, tu peux me dire ce que tu me reproches ?
- Ce que je te reproche ? Ce que je te reproche, Don Labêche ? Je te reproche de pas tirer ta chasse quand tu fais tes gros besoins. Voilà ce que je te reproche vieux cochon !
Quel soulagement ! Elle acceptait de lui reparler. Il fit amende honorable
- Je te promets de faire attention. Tout ce que tu voudras mamour, mais arrête de me faire la tête. Heu… tu viens te coucher mamour ?

Nan, elle n’allait pas se coucher. Ce soir elle avait décidé d’apprendre à rouler à Déter. Et ce pauvre Don en fut pour ses frais une fois de plus. Le seul avantage, c’était d’avoir le grand lit pour lui tout seul et de pouvoir s’endormir sans avoir les ronflements d’Elléou dans l’oreille.
Déter apprend à rouler.
Points : 2875

Mardi
Le lendemain matin, après une courte nuit, Elléou entreprit d’apprendre à Déter à faire le mort. Elle avait opté pour singer l’une des morts les plus atroces : l’asphyxie.
- Argh Déter, j’étouffe ! J’étouffe ! Tu vois j’étouffe et après je meurs. A toi, bon chien !

Déter aurait nettement préféré être écrabouillé par une diligence comme Séou, mort rapide et nettement moins douloureuse. Mais elle ne lui laissait pas le choix et il apprit à faire le mort dans d’atroces souffrances.
Points : 3075

L’hiver avait étendu son manteau de gel, de froidure et de nom de d’là de cochonnerie de neige qui colle aux bottes et qui salit toute la maison et Elléou avait décidé qu’il était temps pour elle de rejoindre le club de jardinage. Elle avait planté des arbustes, quelques roseaux autour de la mare : elle se sentait prête.

Mais Tiphaine moins.
- T’aurais pas pu choisir un autre moment ? On va se les cailler pour évaluer ton jardin. Ca serait pas mieux d’attendre le printemps ?
Oh que non ! Continuer à payer les graines et le fertilisant la peau des fesses jusqu’au printemps, et puis quoi encore ? Elléou en appela à leur amitié toute fraîche.
- Tu peux bien faire ça pour moi, Tiphaine. Et puis il est quand même vite fait, le tour du jardin. Vous-vous les caillerez pas bien longtemps.

Don les surprit en pleine négociation. Elléou abandonna Tiphaine le temps de l’accueillir comme il se doit à son retour du travail.
- Ca c’est bien passé au boulot aujourd’hui ? T’as pas été viré, j’espère,
-  J’aimerais t’y voir, avec les cas de conscience qui se posent. Mais-nan, j’ai pas été viré, si tu veux le savoir.
- ‘Core heureux !

Don, tu m’inquiètes. T’as été viré ou t’as pas été viré ?
- Nan, j’ai pas été viré, je me tue à vous le dire.
Mais alors ??? C’est quoi ce gros chagrin ?
- Bou-hou-hou !  J’ai été rétrogradé !. J’ose même pas le dire à Elléou, elle va encore dire que je suis qu’un bon à rien.

- Le pire tu vois, c’est que c’est vrai : Je suis qu’un vieux schnock, un bon à rien de vieux schnock. Quand je me fais pas virer, je me fais rétrograder. Si tu m’avais connu dans le temps, quand j’étais sergent dans l’armée… Bou-hou-hou, c’est trop triste ! Faudrait pas vieillir. La vieillesse, c’est pire que la mort !
Heu… Don, j’ai pas le souvenir que tu aies décroché une promotion. Rétrogradé ou pas, je vois pas où t’as lieu d’être bouleversé à ce point là. Allez, on va faire comme si rien ne s’était passé. On n’en parle pas à Elléou.
C’est qu’il nous tirerait des larmes le vieux schnock !

Tiphaine s’est incrustée jusqu’à l’heure du dîner mais elle n’a pas cédé d’un pouce –vert ou pas-.
- Nan Elléou, il fait trop froid. J’ai beau être ton amie, j’irai pas demander à mes vieux du club de jardinage de risquer une pneumonie pour tes beaux yeux. Et puis, ça fait même pas trois jours qu’on a visité ton jardin, ça presse quand même pas à ce point là. Tu peux encore l’améliorer. Plante d’autres arbres, d’autres arbustes… t’as pensé aux nains de jardin ?

Elléou est bien déçue. Ca a servi à quoi d’avoir perdu des heures entières au téléphone à lui passer la pommade alors ? Elle défend son morceau avec acharnement.
- Ben tu sais, c’est qu’on n’est pas riches. Don ne gagne pas tellement-tellement et les animaux ça coûte cher en nourriture. Le peu qu’on arrive à économiser, on le met dans les plantations, mais d’ici qu’on puisse se payer les magnifiques nains de jardin dont tu m’as parlé, faudrait encore qu’il ait des promotions. En attendant, les graines, le fertilisant, tout ça c’est pas donné.
Elle plaide bien quand elle veut, Elléou, et Tiphaine finit par admettre :
- Je vois !  Ben écoute, rappelle-moi demain, j’essayerai de convaincre mes amis. 

Elléou s’apprêtait à aller se coucher quand un barouf pas possible attira son attention à l’extérieur.
- Don, c’est quoi cette nouveauté ?
- Heu… j’ai acheté une niche pour Déter. Il l’a bien méritée.
- Mais… mais qu’est ce qu’ils fabriquent dedans les chats ? Séou ! Garla ! DEHORS ! Z’avez pas entendu pépère ? La niche c’est pour Déter, pas pour vous !

Mercredi
Heureusement qu’Elléou, toute excitée à l’idée de recevoir le club de jardinage, s’est levée aux aurores. Elle ne se serait pas réveillée, elle retrouvait son beau canapé en lambeaux.
- SEOU ! Combien de fois faudra te le dire ? Y a le pieu avec la ficelle pour les griffes ! Que je t’y reprenne à abîmer les meubles !

Il lui tarde d’appeler Tiphaine, mais il est encore bien trop tôt.
Elle s’occupe comme elle peut : Changer la litière des chats…

Un coup d’œil aux gamelles pour s’assurer que les animaux ne mourront pas de faim et…

- DETER, NOM D’UN CHIEN ! CA TE PREND SOUVENT ?! Tu trouves qu’on n’a pas assez des chats pour saccager le matériel ? Ah-nan je vous jure, quelle plaie ces bestiaux ! DON ! Viens donc me donner un coup de main ! Qu’est ce que tu fabriques encore ?

Comments

[Mylord31]

Ben alors les bestiaux, y a du laissé aller !