N2. T’as pas vu le loup ?
Enfin Parker finit par l’avoir, son point de physique tant convoité. Elle exhalait une odeur de poisson pas frais qui aurait dû faire accourir tous les chats errants du quartier, normalement. Ben-nan ! On n’a pas vu le bout de la queue du moindre chat.
Vous me direz, c’est pas tellement les chats qui nous intéressaient, mais les loups. Ca ferait tellement plaisir aux aspi-connaissance, de recevoir leur petite visite. Z’arrêtent pas de nous tanner avec ça.
_ Ils sont où les loups, Intell ? Tu nous avais dit que dans le Grand Nord, on verrait des loups. Alors, où ils se cachent ?
- Meuh, qu’est ce que j’en sais, moi ? Ils vont bien finir par se pointer, un peu de patience ! On fait jamais que d’arriver.
Intell, il doit être maso. Depuis qu’il s’est fait tabasser par Hanyo, il ne rêve plus que de faire un duel de force avec elle. Mais attention, il veut le gagner ! Bon-ben, Intell, tu vas commencer par jouer gentiment avec elle à pierre/feuille/ciseaux, comme ça tu risqueras pas de te prendre une plumée et de perdre des points d’aspiration durement gagnés.
Mais… Parker ? Qu’est ce que tu fais là, ma grande ?
- Je viens me requinquer à l’élixir, ça urge ! Je sais pas si je vais rester de bonne humeur bien longtemps avec tous mes besoins dans le rouge.
- Mouahahaha ! Que ça fait du bien ! Je me sens rajeunir à vue d’œil.
Mis en joie par son petit jeu, Intell s’abreuve lui aussi.
Hé ! Bois pas tout ! C’est pas inépuisable comme les verres de cocktail ce truc là. Faut déjà les gagner les bombonnes !
- Mais-heu ! Pourquoi Parker elle a le droit d’en boire plusieurs ? J’ai à peine rajeuni de trois jours.
Toi aussi tu peux en boire plusieurs, mais pas plus de trois. Faut penser aux autres aussi. Quand t’auras gagné ta bombonne on en reparlera, pour le moment, c’est délivré avec des tickets de rationnement.
Intell s’est découvert une âme de commerçant. Il a acheté le vieux commerce démilitarisé, et ne rêve plus que de gagner des badges de vente et de réassortiment. Me demande ce qu’il deviendra quand il devra changer de quartier.
Ca le menait tellement qu’il n’a pas pu attendre le lendemain. L’a fallu qu’il aille l’inaugurer malgré la nuit tombante. A première vue, semblait pas bien engageant le commerce. Même pas de vitrine. Remarquez, pour ce qu’il y avait à vendre…
UN poisson !
- Ca fait pas riche, quand même !
Ca suffit bien ! Je sais pas si t’es au courant, mais faut tenir pendant quatre hivers et le frigo, on aura de la chance s’il tient jusqu’à la deuxième semaine, alors qu’est ce qui vous restera à croûter si vous vendez tous vos poissons ? HEIN ??! Faudrait voir à réfléchir un peu, petite tête !
- Il est un peu cher votre poisson. Il est frais au moins ?
- Bien sûr qu’il est frais ! Pêché de la veille et conservé dans mon sac à dos à la température ambiante, qu’est ce que vous voulez de mieux ?
- L’est cher quand même !
- Ah-mais c’est normal ! Vous en trouvez souvent du poisson frais par ici avec tous les lacs gelés ? Nan ! Voyez bien. La rareté c’est comme le reste, ça se paye !
- Alors, nous avons dit : une perche truitée. ‘Tendez que je calcule mon bénef…
- Pouviez pas le calculer avant ? C’est un peu longuet, votre affaire.
- Y a pas la presse ! Va pas s’envoler votre poisson, ça fait six mois qu’il attend son heure dans mon sac à dos.
- SIX MOIS ! Mais… vous m’aviez dit qu’il était pêché de la veille. Je vais vous dénoncer pour publicité mensongère, moi.
- J’ai jamais dit la veille de quand. Faut savoir décoder, mon gars !
Quand je vous disais qu’il avait une âme de voleur de commerçant.
Sitôt vendu, sitôt remplacé. A ce rythme là, il est pas prêt de décrocher son badge de réassortiment, mais au moins, on n’ira pas dire que les rayons sont vides.
La journaliste n’en est pas revenue. Elle a trouvé qu’Intell menait tout ça en maestro et elle lui a rédigé une bonne critique. Le commerce est passé au niveau 1 et je peux vous dire qu’Intell pétait de joie en nous racontant tout ça.
Une autre qui pétait de joie, c’est Kimarion qui venait de faire grande copine avec Hanyo dans le bain à remous.
- Rha, c’est dégueulasse ! Moi je reste pas là. T’aurais pu attendre d’être sortie, quand même.
- Ben quoi ? Un peu plus de bulles ou un peu moins…
- Ouais ben je t’empêche pas d’y rester si t’aimes ça Hanyo, mais les bulles de Kimarion, moi je m’en passe !
Kimarion à son tour a pu goûter à l’élixir. Vas-y sers-toi, parce que d’ici que t’aies la machine à bulles dont tu rêves, t’es pas prête d’arrêter de nous les faire de manière artisanale.
Pendant que sa co-équipière se la coulait douce, Lorraine, infatigable, entretenait les tomates. Elle y gagna un badge d’argent, mais n’était pas plus contente pour autant.
- J’en ai marre de me taper le jardinage à moi toute seule. Elle est où Kimarion ?
Kimarion ? Je crois qu’elle se repose d’avoir rien fait. Mais t’inquiète Lorraine, quand t’iras te coucher, t’auras pas besoin de bouillotte : le lit sera chaud.
Le lendemain, grande contestation dans la salle de bain. -Si on peut appeler ça une salle de bain.
- Rha, Morgann, t’as bouffé des péteux ou quoi ? Ca pue, c’est terrible !
- Nan, c’est pas ça. C’est que j’ai pas pu prendre ma douche. Je la trouve plus.
- Tu la trouves plus ? Et c’est quoi ça, si c’est pas des douches ?
- Oui-mais c’est pas la mienne ! Je veux la mienne ! Elle est où la mienne ?
- Aaaah, tu veux parler de celle qu’on a vendue.
- Vous l’avez VEN-DUE !!
- Ben-oui, ça servait à rien d’en avoir trois et ça fait des points pour le défi. Alors tu te douches avec une autre et t’en fais pas toute une histoire.
Lorraine ! Tu vas être contente, on demande l’expert en mécanique pour déboucher les chiottes.
- Pfff, c’est pas avec ça que je vais atteindre mon niveau cinq. Tombent jamais en panne les douches ?
- En parlant de douches… t’as vu ? N’en reste plus que deux. J’aimais mieux l’autre, moi.
- Mais c’est les mêmes Morgann, qu’est ce qu’elle avait de spécial ta douche ?
- Elle avait qu’elle était à côté de la porte, on perdait moins de temps pour y aller.
Morgann, je serais toi, je retournerai à ma muscu. Tout le monde s’en fout de ta douche. Toute façon, la perte de temps, c’est pas une question de distance, s’agit juste de savoir si quelqu’un est en train de trôner ou pas.
Pendant ce temps là, au bar…(tiens, quelle surprise !) Zundapp se demandait si elles allaient se décider à sortir de la salle de bain.
- Tu grouilles de prendre ta douche Morgann ? Y en a qui attendent ! Je vais finir par me pisser dessus si ça continue.
- C’est quoi ce boucan ? Ca va pas de me réveiller en hurlant ?
- C’est pas ma faute, Hanyo. J’ai besoin d’aller aux WC mais Morgann nous fait tout un cinéma parce qu’on a vendu sa douche. Comme si c’était le moment de faire des chichis.
- Ouais, j’ai déjà remarqué que Morgann elle pensait qu’à son petit confort. Déjà qu’elle peut se reposer quand elle veut dans son lit double, alors que nous avec Fonsine on est obligées de faire les trois/huit.
- Nous aussi on fait les trois/huit avec Intell.
- Oui-mais, vous, vous avez un canapé pour faire la sieste, alors que nous, en plus de se payer la corvée de cuisine pour tout le monde, question confort, c’est plutôt spartiate.
Dis-donc Zundapp, je croyais que t’avais envie de pisser.
- Meuh, rhooo l’autre ! C’est que de l’eau !
C’est peut-être que de l’eau, mais tu crois que ça va arranger ta vessie ?
- Nan-mais ça arrange drôlement mes relations avec la déesse. T’as vu ? On est copines maintenant.
Bon-ben, en attendant que Morgann se soit lavée entre les doigts de pieds, si tu levais ton verre à ta santé ? Tant pis si t’as une fuite, faut en profiter pendant que t’es de bonne humeur, ça t’arrive pas si souvent.
Ouf ! Nos deux aspirantes au plaisir ont gagné quelques jours de sursis. Reste Lorraine et Hanyo, on est à cours d’élixir, mais le temps qu’elles réalisent leurs désirs, on aura peut-être l’occasion d’en gagner d’autre. Si seulement un loup voulait bien se donner le mal de passer par là.
Sont où, les loups ?