2. La symphonie du lapin rose
Ca va mieux, nan ? T’as pas l’air en super-super forme. Tu t’es pourtant « soulagée », t’as pris ta douche et maintenant tu vas déguster ces succulents hot dogs. Alors pourquoi tu fais cette tête ?
- Sont pas succulents, sont cramés !
Tu ne t’en prends qu’à toi, ma chérie. Fallait les surveiller au lieu de râler que t’étais fatiguée.
Ah-mais devine qui vient de faire son apparition : Ce cher Laurent !
(Passe sa vie sur le terrain communautaire celui-là, c’est pas possible).
Allez, puisque t’es bien du corps et que tu veux jouer aux échecs - maintenant qu’il y a des chevalets- invite-le donc pour une petite partie. Je sais qu’il adore ça.
Comment je le sais ?
T’occupe !
Aaaallez, on l’invite pour un rendez-vous.
- Meuh je suis fatiguée, moi !
- Je sais ! Mais dois-je te rappeler le montant de ta dernière collecte ?
UN simflouze !
T’avais qu’à avoir d’autres désirs que d’acheter un frigo, des toilettes, une douche ou gagner une montagne d’argent, tu serais restée dans le doré.
Quel casse-pieds ce Laurent, je comprends pourquoi il vient sur le terrain au chant du coq : c’est un fana de sport. Dès qu’il a une minute… - et il en a parce qu’Elhamas n’arrête pas de se plaindre de sa fatigue – il file faire sa gym. Faut lui courir après sans arrêt. Déjà qu’elle est « au bord de l’évanouissement » comme ils disent.
- Où il est encore passé ?
- Dans sa salle de gym préférée. Dépêche-toi d’aller jouer avec lui, le rendez-vous paradisiaque qui t’aurait permis de te retaper va encore te filer sous le nez.
- Il s’en va ! J’ai fait ce que j’ai pu pour le retenir, mais il part quand même !
Bien sûr, t’as fait ce que t’as pu avec tes éternels je suis fatiguée, j’ai envie de dormir, je suis crevée, j’en peux plus… tu veux que je te dise Elhamas ? T’es un vrai bonnet de nuit. M’étonne pas que Laurent en ait assez. Et le rendez-vous paradisiaque ce sera pour un autre jour.
Peut-être.
C’est soit-disant crevée mais ça veut faire la maligne dans l’électrosphère quand même !
On ne va tout de même pas te priver de réaliser ce rêve alors que t’es tout à côté.
Là ! T’as pris ta gamelle, t’es contente ?
Pendant que tu récupères – trop lentement à mon gré – la nuit va laisser place à l’aurore sur le terrain. Au fait, as-tu remarqué l’adresse ? 3, rue du Désespoir, c’est comme qui dirait prémonitoire, nan ?
Enfin, je t’évite une grosse déception en enfournant dans ton sac à dos le bonzaï bleu et le lampadaire rave-party que t’ont offert tes prétendants à une minute d’intervalle.
Tu remarqueras qu’il y en a un légèrement moins radin que l’autre.
Devine lequel ?
Le réveil est dur. Prenons l’air innocent :
- Quelque chose qui cloche, chérie ?
- Je crève de faim ! Ca se voit pas ? J’ai rien croûté depuis les hot dogs et ça remonte à hier soir.
- Oui-mais, on est pas si loin d’hier soir, on est à peine ce matin, ma chérie. Et puis, il n’y a pas que l’appétit qui ne va pas. Pourquoi tu me fais une fixation là-dessus ?
- M’en fiche, j’ai faim ! J’ai hyper faim ! C’est ça la vie de luxe que tu m’avais promise ? Je devais rouler sur l’or, soit-disant.
Avant de rouler sur l’or, faudrait déjà que tes récoltes soient… disons un peu plus juteuses Parce que 1 $, plus 1 $, plus 1 $… je sais bien que Paris ne s’est pas faite en un jour, mais quand même, ça craint !
- Ca valait bien le coup de me réveiller à tout bout de champ pour si peu !
A qui le dis-tu ?
Bon ! Si t’allais te retaper sur le terrain communautaire au lieu de pousser tes jérémiades ?
- Beuwark ! Ils sont encore cramés !
C’est de ta faute, t’arrêtes pas de te plaindre en faisant des grands gestes pour sourds et malentendants au lieu de les surveiller. Qu’est ce qu’il y a ENCORE qui va pas ?
Fatiguée ? DEJA ?! Mais t’as juste eu le temps de faire pipi, de prendre ta douche et de manger.
T’es une vraie marmotte, ma parole !
Moi je trouve que tu vas nettement mieux. T’es plus dans le rouge là, t’as remarqué ?
- Pfff ! Je vais encore me taper la sieste sur cette chaise longue en plastoc. Quand est ce que j’aurai un VRAI lit ?
Faut répondre ?
Psst Elhamas , cache ta culotte ! Y a des escargots qui ne voient plus que ça.
Heureusement, parfois le hasard a pitié de nous et la cueillette rapporte les 40 $ auxquels on est en droit de s’attendre. Avec cette manne j’ai pu lui offrir une magnifique banquette : Energie 2, confort 5 au lieu de l’énergie 1 du transat.
Mais mademoiselle n’est pas contente.
- C’est quoi cette horreur de banquette ? Ha-nan-nan, tu me feras pas coucher là-dessus.
Plus têtue que ça, tu meurs !
Bon ! Quand tu te relèveras des pommes dans lesquelles tu te complais à tomber, tu accepteras peut-être de tâter de la banquette.
Elhamas ! Hé ! Elhamas ! Un gentil toutou est venu te rendre visite. Tu vas pouvoir jouer avec lui et remonter d’un trait ta barre de distraction et ta barre de relations sociales, toutes deux pas jolies-jolies à voir.
- J’en ai rien à fiche du clébard !
J’AI FAIM ! J’AI FAIM ! J’AI FAIM !
Sur quel ton faudra te le dire ?
Bon ! Tu l’as voulu, tu l’as eu !
Un joli lapin social qui te coûte 10 points de malus a remplacé le gentil toutou à l’aube de ce mercredi. Ha-nan, mais c’est ça quand on est têtue comme une bourrique : On attire toute l’arche de Noé.
- Pourquoi tu parles d’arche de Noé ? C’est bientôt le déluge ?
Ca se pourrait.
- Pourquoi tu fais encore la tête Elhamas ? Ils sont pas cramés cette fois, tes hot dogs.
- Sont pas cramés, sont trempés !
Jamais contente à ce que je vois.
- Et zou ! du balai le lapin social. Je l’ai assez vu celui-là.
Tss tss, Elhamas, t’es à la masse ou quoi ? Il était là pour te distraire. C’est TON AMI, - imaginaire peut-être, mais ton ami quand même.
- C’est pas demain la veille que je copinerai avec un lapin. Nan-mais tu m’as mal regardée ? La raclée que je lui ai collée ! J’ai d’autres amis, figure-toi.
Te voilà bien avancée !
Mais… DEUX murs dis-donc ! Comment tu t’y es prise pour le flouze ?
- Et mon rendez-vous avec Laurent, tu l’as oublié ? Même si c’était pas le paradis, c’était quand même pas si mal. D’ailleurs, c’est quand le prochain rendez-vous que je me retape ?
J’ai pas de conseil à te donner puisque t’en fais qu’à ta tête. Mais je commencerais par me retaper D’ABORD.